La connaissance du processus suicidaire est importante pour concevoir la prévention du suicide et pour construire un dispositif adapté. Plusieurs faits méritent d’être rappelés :
– la crise suicidaire débute lorsque le suicide devient une solution face à la souffrance,
– la crise a des étapes identifiables qui définissent le degré d’urgence
Étapes du processus suicidaire :
Il est important de comprendre que le processus suicidaire n’est ni linéaire ni irréversible. En effet, si l’une des solutions trouvées fonctionne, la personne peut revenir en arrière à tout moment et même sortir complètement du processus.
1) détresse (recherche de stratégies ou de solutions) : La personne vit une situation problématique et souffrance psychologique durable et envisage un certain nombre de solutions
2) Flash (fantasme de mort) : Devant l’incapacité de résoudre la situation problématique, la personne est émotionnellement troublée et cherche une solution instantanée. C’est alors qu’apparaissent des fantasmes de mort dont elle ne serait pas vraiment l’auteur.
3) Idéation (fantasme de suicide) : Lorsque les solutions s’avèrent inefficaces et les possibilités ne cessent de diminuer, les premières idées suicidaires apparaissent. Au début, elles se manifestent surtout par des fantasmes de suicide pour finalement prendre de plus en plus d’importance. À ce stade, la personne a souvent peur de ses idées suicidaires (peur de perdre le contrôle).
4) Rumination : À cette étape, les solutions envisagées au début sont pratiquement épuisées et celles qui restent (les idées suicidaires notamment) prennent de plus en plus d’importance. La personne réfléchit sérieusement sur la planification de son suicide (les moyens pour y arriver).
5) Cristallisation : Devant l’absence de solutions, l’anxiété augmente dramatiquement et la situation devient insupportable. La personne est prête à n’importe quoi pour arrêter de souffrir et le suicide est vu comme la seule porte de sortie. La personne a complété sa planification (comment, où et quand).
6) Passage à l’acte : Toutes les pensées de la personne sont centrées sur le suicide et la personne met en application son plan suicidaire si elle n’a pas reçu d’aide.
La vitesse à laquelle les différentes étapes sont enchaînées peut-être très variable d’un individu à l’autre. Par exemple, une personne peut passer de l’une à l’autre très rapidement ou très lentement alors qu’une personne peut sauter des étapes ou demeurer tout simplement stable dans le processus.
On estime chez l’adulte que le processus peut s’échelonner entre 2 mois et 2 ans et développer plus rapidement chez les personnes qui sont fragilisées par une maladie mentale et/ou en cas d’antécédents de tentatives de suicides ;
– les personnes font en général tout pour éviter d’en arriver jusqu’à l’exécution de leur intention ;
– de ce fait la crise est un équilibre métastable, réversible jusqu’au dernier instant, les personnes appelant souvent au secours quand leur geste n’est pas immédiatement mortel,
– en population générale on estime qu’environ 4 à 5% de la population vit une crise suicidaire chaque année ;
– la très grande majorité des personnes en crise suicidaire ne font pas de tentatives, mais le taux de tentatives varie beaucoup selon l’âge, le sexe, et la présence ou non de trouble psychique,
– parmi les personnes qui font une tentative, l’immense majorité en réchappe, mais le taux de rescapés dépend très fortement du moyen de suicide employé.
L’outil : Le RUD : RISQUE URGENCE DANGEROSITÉ
J.L Terra, M.F Berthier, F. Chauvet, W. Boutaleb