Phénomène suicidaire

Phénomène suicidaire
Fort heureusement, cet acte de dernière violence contre son corps et contre son âme, est relativement rare. Cependant sa fréquence est sans commune mesure avec l’impact émotionnel qu’il engendre.
Freud évoquait « le retournement contre soi d’une impulsion meurtrière contre autrui ». Le suicide constitue un symptôme et un échec.
Un symptôme tout d’abord. Tout le monde s’accorde en effet à reconnaître qu’une tentative de suicide n’est pas en soi une maladie, mais le révélateur d’un trouble de l’adaptation de la personne à son environnement social, familial, professionnel. C’est donc bien sur ces déterminants qu’il faut agir et pas seulement au moyen d’une approche médicale. Cette problématique est véritablement une question santé publique est donc par conséquent politique par essence.
Un échec ensuite. Le suicide est en premier lieu, l’échec de la vigilance collective que chacun doit à l’autre. Toutes les études en attestent : la majorité des tentatives de suicides s’inscrivent dans un contexte où des signes d’appel ont pu – a posteriori – être décryptés.

Tenter de se suicider, en dehors peut être des cas où le suicide est un véritable symptôme d’une maladie mentale grave (sans doute concernant une très large majorité des morts par suicide) est le résultat d’un conflit intérieur sans issue, d’une sidération face à la vie, qui le plus souvent parvient néanmoins à s’exprimer partiellement.
Nous avons trop tendance à considérer aujourd’hui, et cela parait être une évidence, que l’individualisme de notre société conduit à considérer que tout un chacun est capable ou doit être en mesure de tracer son chemin. Qu’il ou qu’elle doit le faire en surmontant toutes les difficultés qu’il ou elle est à même de rencontrer ; mais nous savons, bien évidement, qu’il n’en est rien !

Très souvent, seule une approche concertée et collective peut nous amener à considérer le suicide comme phénomène de société et non comme un phénomène médical.
Seul, nous n’avons jamais raison ! La dynamique de réseau est indispensable mais s’il est très important de la réaliser il ne s’agit pas de le faire de n’importe quelle façon à toute fin utile.

La mort par suicide complétée : L’action directe ou indirecte, mais délibérée d’un individu contre sa propre vie, telle est la définition du suicide à laquelle nous allons nous référer. Celui qui se suicide est simultanément celui qui porte atteinte consciemment à son corps et celui qui est la victime.

Les tentatives de suicide : C’est un suicide perpétré qui n’a pas conduit le candidat à la mort, mais très souvent à l’hôpital ou à une consultation médicale. Autrefois négligée, cette notion est devenue capitale pour penser des actions de prévention.

Les idées suicidaires : Pensées tournant autour du suicide (idées, impulsions, tentations, décisions, plans, formulés ou non).
Un individu, à une étape particulière de sa vie, apparemment malade ou non, en vient à évoquer son suicide. Parfois, il en parle spontanément, parfois il est nécessaire de lui poser la question. On note, selon le cas plus ou moins de conviction dans ses propos.
Il est convenu, dans les milieux spécialisés, d’employer ici le terme d’« idées suicidaires » : qui signifie seulement que le sujet pense à se supprimer. Certains ne vont pas au delà. D’autres sont très près de passer à la réalisation (les grands déprimés mélancoliques, par exemple).
Retenons cependant ceci : une grande majorité de ceux qui ont des idées de suicide s’arrêtent là. Mais elles témoignent donc d’une difficulté psychologique individuelle. Rechercher cette difficulté est une phase essentielle de la prévention du suicide.

La crise suicidaire : période pendant laquelle une personne est en proie à une intense souffrance psychique dont elle ne sait pas comment sortir, période qui peut se terminer par une tentative de suicide.

Les comportements suicidaires : qualifient chez un individu donné une succession de comportements mettant en danger, sinon, sa vie, du moins sa santé.
(Les conduites d’autodestruction lente pouvant aboutir indirectement à la mort : par exemple, l’alcoolisation et/ou l’intoxication chronique, le refus d’aliments, les automutilations graves, les conduites de défi à la mort, les sports extrêmes, et même, certaines conduites de sacrifice bien que là aussi les limites soient des plus floues, mais défier la mort n’est pas seulement la rechercher.

Le passage à l’acte
Le suicidant passe à l’acte quand il y a accord entre son désir de mourir, sa volonté et la possibilité pratique d’agir. Il y a fréquemment des circonstances extérieures qui ont un rôle déclenchant : en elles-mêmes, elles sont banales ; ce ne sont en général, pour les autres que de modestes frustrations ou des événements anodins.

(Un échec sentimental ou scolaire chez un adolescent déjà désespéré, une visite attendue qui n’a pas lieu chez une personne âgée isolée, l’annonce ou la lecture d’un suicide par une personne gravement déprimée, etc.)

La prévention et la postvention

Le premier terme est aisément compréhensible : il s’agit de mettre en œuvre l’ensemble des moyens nécessaires pour éviter les suicides. Le deuxième est d’apparition plus récente : la postvention est la prévention de la récidive après une tentative enrayée.