Schéma de la crise

« Il n’y a pas de schéma standardisé de crise suicidaire, chaque situation étant la résultante complexe de nombreux facteurs propres à l’individu, à son histoire, à son environnement actuel. Le contexte de survenue de la crise, sa durée, les significations psychologiques qu’on peut lui attribuer influent de façon importante sur la symptomatologie et les comportements repérables. La pratique clinique de ces situations d’urgence rappelle que la sémiologie des situations de crise suicidaire est souvent labile, évoluant rapidement d’un moment à l’autre, ou pouvant être jugée de façon différente selon l’évaluateur. » Dr Michel BENOIT, CHU de Nice, conférence de Consensus, 2000

Toutefois il existe des modélisations :

Lorsque un individu perd ses capacités habituelles de faire face par exemple aux évènements stressants, on dira qu’il se trouve dans un état de vulnérabilité. Il ne parvient plus à évacuer une ou des tension(s) trop intense(s) au moyen des réponses qu’il connaît. Il évalue sa situation de manière négative, et ces sentiments contribuent d’accroître la ou les tension(s). L’épuisement des ses ressources ou du moins son impression, peut provoquer une plongée dans le monde des émotions, souvent très négatives, qui embrouillent de plus en plus sa perception de la réalité. L’individu peut alors se diriger vers une phase de désorganisation et de confusion.
L’état de déséquilibre peut prendre graduellement le dessus et la personne se retrouver en crise

Si la recherche de nouvelles solutions s’avère une nouvelle fois infructueuse et lorsque elle est confrontée à des échecs répétés ou à un évènement déclencheur supplémentaire, la ou les tension(s) continuent d’augmenter, et dirige le sujet vers un état de désorganisation, de trouble et de stress important. L’état de crise amène progressivement comme inéluctablement vers une période de déséquilibre intense.
Elle débute lorsque le suicide devient une solution face à la souffrance.

Cette période se caractérise par trois grandes étapes :

Une période de désorganisation qui culmine jusqu’à une phase aiguë, avant de se conclure par une phase de récupération.

La phase aiguë peut se distinguer par un éventail de réactions qui varient en intensité, allant jusqu’au passage à l’acte suicidaire.
Heureusement il est possible de vivre un état de crise sans vivre de passage à l’acte. De plus le passage à l’acte ne se manifeste pas obligatoirement par une tentative de suicide, mais peut se traduire par une fugue, une crise d’agressivité, ou tout autre façon permettant d’éliminer momentanément le stress causé par une accumulation de difficultés.

La durée de la crise s’avère variable, allant au minimum de quelques secondes (tel le brusque raptus suicidaire de grand mélancolique) à des formes durables de quelques jours voire des mois. Mais, en moyenne, grâce aux travaux cliniques de ces dernières années, nous pouvons constater une moyenne de 6 à 8 semaines pour une période de trouble intense. Cette période en général relativement longue est exigeante pour l’individu et ne peut être tolérée longtemps. Elle peut effectivement se développer beaucoup plus rapidement chez les personnes qui sont fragilisées par une maladie mentales et ou en cas d’antécédents de tentative de suicide.

Une action structurante la plupart du temps effectuée par des professionnels est nécessaire.